Focus International – Le lundi 17 mai, 8 000 migrants ont quitté le Maroc pour rejoindre l’enclave espagnol de Ceuta, situé sur le continent africain. Pour Margaritis Schinas, le vice-président de la Commission européenne, « Ceuta, c’est l’Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n’est pas le problème de Madrid, c’est le problème de tous » . Mais comment ce territoire s’est-il retrouvé au cœur du bras de fer entre Rabat et Madrid ? Connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière cette ville ?
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Le territoire espagnol de Ceuta demeure le vestige du protectorat franco-espagnol imposé au Maroc en 1912. Depuis son indépendance en 1956, la présence espagnole sur ce territoire et celui de Melilla est de plus en plus contestée. Plus largement, c’est toute l’Union Africaine qui a dénoncé cette autorité européenne comme l’héritage désuet de la colonisation.
Aujourd’hui encore, Madrid l’utilise comme une tête de pont pour défendre ses intérêts sur le continent africain. Mais ce que l’on retient par dessous tout, c’est la position stratégique de Ceuta sur les routes migratoires. Ses frontières sont l’une des seules qui relient l’Afrique et l’Union Européenne par voies terrestres. Le passage par Ceuta ou Melilla sont deux itinéraires privilégiés pour les migrants qui chercheraient à passer d’un continent à l’autre.
Ville maudite et ville fortifiée
Sa position stratégique lui a valu le sobriquet de ville maudite. Entourée de miradors, de caméras et d’une double clôture, elle s’apparente surtout à une ville fortifiée. Quand la pression s’accroît à ses portes, la clôture qui l’entoure est rehaussée. Aux points les plus simples, elle peut atteindre jusqu’à une dizaine de mètres.
Quand 8 000 migrants enjambent la frontière le lundi 27 mai, Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, ne tarde pas à réagir. Il déclare que tous les migrants adultes entrés seront expulsés dans le cadre d’accords signés avec Rabat. L’interdiction de refouler de migrants s’applique partout en Espagne, à l’exception de Ceuta et de Melilla.
Cette situation inédite a prouvé un point : l’Union Européenne ne pourra pas se passer du Maroc si elle veut garder le contrôle des flux migratoires. Ce dernier est par ailleurs le troisième pays méditerranéen à avoir touché le plus de fonds européens pour sa bonne conduite migratoire.