De 1974 à 2020, retour sur les tours de force du GIGN.

Article – Véritable escadron d’élite, le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale, mieux connu sous l’acronyme “GIGN” opère depuis bientôt une cinquantaine d’années dans la lutte anti-terrorisme et la gestion de crise. Son père fondateur, Christian Prouteau, a partagé avec la rédaction de Caractères son regard sur la trajectoire de cette force française unique en son genre (regardez son interview ici)

Depuis les attentats du Wall Street Center en 2001, les terroristes jouent la carte du spectaculaire et celle de la mise en scène macabre. En préparation, le GIGN s’agrandit, se réforme en 2007 et perfectionne ses moyens techniques. Sollicité pour des opérations sur le territoire national ou à l’étranger, comme en Somalie, en Afghanistan, en Irak et plus récemment au Mali, le GIGN a fait ses armes et bénéficie d’une reconnaissance internationale. En action depuis 1974, que retient-on de son histoire ? 

La genèse 

Les Jeux olympiques de Munich en 1972 sont restés tristement célèbres pour la prise d’otages de neuf athlètes israéliens et le meurtre de deux autres sportifs.  Aux commandes de l’opération, c’est le groupe terroriste de palestiniens Septembre noir qui projète aux yeux du monde la violence du terrorisme. L’épisode s’inscrit dans la longue histoire du conflit israélo-palestinien, mais elle accèlere la réflexion sur les moyens donnés aux forces françaises pour contrer ces attaques sporadiques. 

Un jeune lieutenant, Christian Prouteau, endosse la responsabilité de former une unité d’élite de la Gendarmerie nationale. Les candidats sont triés sur le volet et pas plus de dix-sept membres sont retenus pour intégrer l’unité. Encore au stade de l’expérimentation, les méthodes sont revisitées, les entraînements sont exigeants, mais le credo moral, celui du respect de la vie, est la première condition pour réussir la mission, selon le lieutenant Prouteau.  Le 1er mars 1974 l’unité est officiellement créée.

Djibouti en 1976, le sauvetage de Loyada

Colonie française jusqu’en 1977, Djibouti est rebaptisé le Territoire français des Afars et des Issas. Sur cette zone, les indépendantistes du Front de libération de la Côte des Somalis rôdent et organisent la prise d’otage d’un bus scolaire rempli de 31 écoliers. Pour extirper ces enfants français de l’imbroglio, les neufs tireurs d’élite du GIGN sont envoyés sur place. Ils se positionnent face au bus scolaire à l’arrêt, en suspens dans le no man’s land, à la frontière avec la Somalie. Les membres de GIGN, jusqu’alors peu connus, réussissent à sauver 29 enfants utilisés comme monnaie d’échange par les indépendantistes locaux. Comment ? Un seul bruit de coup de feu pour plusieurs tirs. C’est la technique du tir simultané, celle qui a valu les premières lettres de noblesse au GIGN.

Le 26 décembre 1994, l’assaut de Marignane.

Au départ d’Alger, un avion est détourné par quatre terroristes du GIA, Groupe islamique armé en prévision d’un attentat terroriste sur la tour Montparnasse à  Paris. Après deux jours d’immobilisation sur le tarmac, l’avion décolle et franchit la Méditerranée, mais le manque de carburant les force à faire escale à Marseille. Pour éviter le pire et sauver les 229 passagers et 12 membres de l’équipage en otage, le GIGN lance un assaut sur l’Airbus à l’arrêt sur les pistes marseillaises. Dans cet interlude, tout se joue en 16 minutes : menés par l’adjudant-chef Thierry Prungnaud, 8 membres du GIGN montent à bord et après des échanges de balles, les otages sont libérés et les terroristes tués. 

9 janvier 2015 : la scène finale des attentats de Charlie Hebdo.

Deux jours après les attentats dans les locaux de Charlie Hebdo au cœur de Parisles frères Kouachi,  les deux terroristes islamistes à l’origine de l’opération, sont neutralisés dans l’imprimerie de Dammartin-en-Goële. Armés de Kalachnikov, lance-roquettes et cocktails Molotov, la cellule du GIGN rentre d’abord en négociation avec les frères. Les deux kamikazes sortent en ouvrant le feu abondamment sur le GIGN et meurent “en martyrs”, comme ils l’avaient annoncé.

GIGN en 2020 

(c) Crédit photo : site officiel GIGN