Gel des récoltes : l’agriculture française en péril ?

Actualités – Depuis plus d’une semaine, une vague de froid s’abat sur toute la France. Arboriculteurs et viticulteurs ont perdu une partie de leur récolte. Le régime de calamité agricole a été enclenché le 9 avril par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour venir en aide aux agriculteurs. Mais suffira-t-il pour sauver leur économie ? Une chose est sûre, cette catastrophe aura des conséquences sur le panier de fruits et légumes et le porte-monnaie des Français. Caractères vous aide à comprendre les conséquences du gel sur les récoltes en 4 points.

Retrouvez notre vidéo à la fin de l’article.

Agriculture
© Twitter @EmmanuelMacron

Dimanche 10 avril, Emmanuel Macron postait sur son compte Twitter :

1. Le régime de calamité agricole activé

10 régions sur 13 sont touchées. Du nord au sud du pays, les vignes, les arbres fruitiers ou encore les céréales ont été frappées par le gel. 

Qu’est-ce que le régime de calamités ? 

  • Il est accordé aux agriculteurs justifiant d’une perte d’au moins 30 % de leur récolte annuelle.
  • Il est reconnu par un arrêté du ministre de l’Agriculture.
  • Il indemnise les pertes de récolte causées par la sécheresse, les inondations, ou encore le gel.
  • Les assurances sont mises à contribution et taxées à hauteur de 5,5%.

Que prend-il en charge ?

Sont éligibles à l’indemnisation les biens situés en dehors des bâtiments de l’exploitation et notamment :

  • les pertes de récolte végétale non assurables. (Sont donc exclues les « grandes cultures »)
  • les pertes de cheptel (si le cheptel ne se trouvait pas dans un bâtiment),
  • les dommages subis par le sol (pertes de fonds).

Sont exclus de l’indemnisation par le Fonds national de garantie des calamités agricoles

  • les bâtiments d’exploitation et leur contenu (fourrages stockés et cheptel notamment),
  • le matériel d’irrigation,
  • la perte de production si elle est couverte par un contrat d’assurance récolte.
  • Les « grandes cultures »

Quelle est la procédure ?

1. Convocation d’une mission d’enquête et du Comité Départemental d’Expertise (CDE). La procédure de reconnaissance débute par une mission d’enquête sur le terrain pour estimer les dommages réellement subis. La mission d’enquête a pour objectif de reconnaître les biens sinistrés et l’étendue des dégâts. Elle vérifie et évalue, par ses enquêtes de terrain, la réalité et la gravité des dommages. Cette mission d’enquête se déplace sur le terrain et visite un échantillon des exploitations sinistrées représentatif des dégâts pouvant faire l’objet d’une reconnaissance éventuelle.

2. Le préfet, une fois le rapport de la mission d’enquête et l’avis du CDE recueillis demande au Ministère de l’agriculture de l’alimentation, la reconnaissance du sinistre au titre des calamités agricoles.

3. Le caractère de calamité agricole est reconnu par un arrêté du ministre chargé de l’agriculture, pris sur proposition du préfet du département après consultation du Comité national de l’assurance en agriculture.

4. Une fois la reconnaissance de calamité agricole publiée, les agriculteurs sont invités à déposer des dossiers individuels de demande d’indemnisation auprès de la DDT.

Infos – https://www.gers.gouv.fr/

2. En cause : le réchauffement climatique ?

Les températures ont chuté, à certains endroits, jusqu’à -7 degrés. Du jamais vu depuis 1947 pour un mois d’avril. 

« C’est un phénomène national. On peut essayer de remonter dans l’histoire, il y a eu des épisodes en 1991, 1997, 2003, mais là, d’après moi, on dépasse tous les indicateurs qui laissent entendre que c’est beaucoup plus sérieux que les gels antérieurs. »

Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et viticulteur dans l’Hérault.

Le gel est un phénomène normal pour un mois d’avril. Ce qui l’est moins, ce sont les fortes chaleurs du mois de mars dues au réchauffement climatique.  

« Normalement à cette période de l’année, les plantations auraient dû pouvoir résister à des températures de -6 ou -7 degrés. Mais à cause du réchauffement climatique que l’on connaît depuis 30 ans, les bourgeons arrivent désormais plus tôt. »

Thierry Castel, chercheur en climatologie / Le Figaro

3. Un secteur en chute en libre

La grande distribution et les centrales d’achat sont devenues les acteurs majeurs dans l’organisation des filières agricoles en France. Les agriculteurs ont investi pour se moderniser, s’agrandir et gagner en compétitivité. La politique agricole commune (PAC) de 2021-2027 doit être négociée en ce début d’année par l’Europe et doit s’appliquer à partir de 2023.

Malgré ces sacrifices, de nombreux agriculteurs sont surendettés. En 60 ans, l’agriculture française a perdu 80% de ses plus petites exploitations et plus de 5 millions d’emplois agricoles, selon la Fondation Good Planet

En 2017, 20% des producteurs n’ont pas pu se verser de salaire. Si les conséquences économiques sont évidentes, le moral non plus n’est pas au beau fixe : 1 agriculteur se suicide tous les deux jours. 

4. Quelles conséquences pour les français ?

Nul doute que cela aura un impact sur le panier de fruits et légumes et le porte monnaie des français. 

Les agriculteurs, eux, réclament des aides supplémentaires au régime de calamités qui ne semble pas suffisant.
Ils comptent également sur le soutien des Français, qui depuis le début de la pandémie privilégient le circuit-court. 

Si ce format vous intéresse, Caractères vous invite à aller voir toutes nos Actus ici.