Parcoursup et crise sanitaire : un duo perdant pour les étudiants ?

REPORTAGE – « Qu’est-ce qui m’attend une fois les grilles du lycée derrière moi ? ». Le 27 mai, une partie des élèves de terminale en filières générales ont eu la réponse. Ils ont découvert sur la plateforme Parcoursup dans quelle formation, école, ou université leur dossier a été retenu. Pour la promotion de 2021, le chemin vers l’enseignement supérieur a été semé d’embuches. D’abord, l’année scolaire a été rythmée par les fermetures des établissements, et ensuite, ils sont les premiers à expérimenter la dernière réforme du BAC voulue par Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Les futurs bacheliers ont à traverser de nombreuses incertitudes. Comment sont-ils départagés ? La crise sanitaire a-t-elle impacté leur niveau ? Les fractures sociales sont-elles plus que jamais visibles ?

Retrouvez notre vidéo à la fin de l’article.

Parcoursup
© STEPHANE MORTAGNE LA VOIX DU NORD

Entre novembre et mars, les cours étaient dispensés à distance, et après une période de dispositif hybride, le 3 mai, les grilles des lycées étaient de nouveau ouvertes. A quelques semaines des épreuves du BAC, pour bon nombre d’élèves en terminale, Parcoursup, la plateforme d’inscription dans l’enseignement supérieur, est perçue comme une procédure particulièrement stressante.  A la veille et des résultats, nous sommes partis à leur rencontre.

« Parcoursup, c’est la fin du fatalisme face aux inégalités d’accès à l’enseignement supérieur. C’est le moyen très concret de répondre à l’exigence de démocratisation. »
Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le 22 janvier 2019. 

Pour comprendre les demandes des étudiants, Caractères a rencontré le porte-parole de l’Union nationale lycéenne, Mathieu Devlaminck :

« Pour nous le BAC, ça devrait être le passeport vers l’enseignement supérieur et avec Parcoursup, ce n’est absolument plus le cas. Même le troisième trimestre des lycéens et des lycéennes n’est pas pris en compte dans Parcoursup. »

« Les critères sur lesquels sont évalués les lycéens et les lycéennes pour Parcursup, ça va être leur emplacement géographique, leur lycée d’origine, et ça, c’est fondamentalement discriminant. Le mythe de la méritocratie, en réalité, il ne se vérifie absolument pas. »

Avec Admission post bac, puis avec Parcoursup depuis 2018, les places dans l’enseignement supérieur restent chères. Pour connaître les mesures du gouvernement, nous avons contacté le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation :

« Les données de Parcoursup depuis 2018 montrent que la nouvelle plateforme a permis d’élargir considérablement l’accès à l’enseignement supérieur dans un contexte de forte poussée de la démographie étudiante. »

« Le nombre de candidats est passé de 802 000 en 2017 à 931 000 en 2021. Le nombre de formations disponibles sur la plateforme est de plus de 19 000, il était de 13 000 en 2018. L’apprentissage a pris toute sa place sur Parcoursup : déjà 5900 formations proposées contre à peine 2500 en 2018. »

Plus de formations et plus d’apprentissage disponibles est-elle une réponse suffisante pour les étudiants ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus dans les bureaux de l’Union nationale des étudiants de France à la rencontre de Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF :

« L’augmentation du nombre de formations sur Parcoursup, ce n’est pas une augmentation du nombre de places à l’université. Cette augmentation, c’est simplement des formations sur lesquelles on candidate hors Parcoursup avant et maintenant, on candidate dans Parcoursup. Ce sont beaucoup de formations privées, donc ce n’est pas une réponse. »

« L’enjeu, c’est comment on donne de la place à tout le monde dans l’enseignement supérieur public dans la filière de son choix. L’année dernière, ils nous ont dit, il y a 10 000 places créées, il y avait un chiffre. Ce n’était pas suffisant, mais ils avaient un chiffre. »

Pour les bacheliers qui seraient sans réponse positive le 27 mai, Parcoursup les dirige vers les Centres d’Information et d’Orientation. Ils entrent dans une phase complémentaire où  de nouveaux vœux peuvent être formulés pour des formations où des places sont toujours disponibles.
Est-ce la bonne réponse pour les jeunes sans formation ?

Les 635 000 lycéens qui ont fait un vœu sur la plate-forme commencent à recevoir les réponses des formations où ils avaient déposé leur candidature.  En 2020, à la fin de la procédure, huit bacheliers sur dix avaient reçu  une proposition d’admission à la fin de la phase principale. Qu’en sera-t-il cette année ? 

Caractères remercie Mathieu Devlaminck, président d’UNL, et Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, pour leur contribution à ce reportage.