UKRAINE : un conflit aux portes de l’Europe

International – Entre la Russie et l’Ukraine, la tension monte. Le 14 avril, Kiev accusait Moscou de poster 80 000 soldats tout près de sa frontière. Depuis sur la ligne de front, des cessez-le-feu tenaient tant bien que mal. Mais l’arrivée de Joe Biden au pouvoir pourrait bien renverser ce fragile statu quo. Escalade militaire ou simple guerre des mots ? Caractères vous explique tout dans Focus International.

Retrouvez notre vidéo à la fin de l’article.

Ukraine
© AFP PHOTO / Armed Forces of Ukraine / Handout

2014 – 2020 : LA GUERRE DU DONBASS AUX PORTES DE L’EUROPE 

Nichée entre Europe et la Russie, l’Ukraine a été ballotée d’un côté puis de l’autre. Hier, elle était sous la coupe de l’Union Soviétique. Aujourd’hui, indépendante, elle regarde vers l’Occident. Mais pour être tout à fait juste, tous les ukrainiens ne regardent pas dans la même direction. 

On se souvient de la révolution d‘EuroMaïdan à Kiev en 2014. Sous la pression de la rue, le président pro-russe Viktor Ianoukovytch devait quitter le pouvoir et laissait sa place à un gouvernement pro-occidental. Ce changement ne ravissait ni les ukrainiens russophones ni le Kremlin.  

Au lendemain de la révolution d’Euromaïdan, les violences éclatent dans les rues entre le prorusse et l’armée ukrainienne. L’escalade militaire ne s’arrête plus et débouche sur une véritable guerre à l’Est du pays. La région du Donbass est déchirée, quant à la Crimée, elle change de nationalité et se rattache à la Russie.

Sept années de guerre auront causé la disparition de 13.000 personnes et le déplacement de plus d’un million de personnes. Avec les accords de Minsk en 2015, le conflit a disparu de nos radars médiatiques. Et pourtant, avec plus de 30 cessez-le-feu au compteur, le floue à la frontière perdure : Kiev et Moscou continuent de s’écharper sur l’interprétation des accords.

SIMPLES PROVOCATIONS OU ESCALADE MILITAIRE ?

Aujourd’hui, l’avenir du Donbass est devenu un enjeu international où les divergences entre le Kremlin et la Maison Blanche se reflètent. 

Début mars, Joe Biden, avec l’appui du Pentagone, décide d’envoyer une nouvelle aide militaire de 125 millions de dollars à l’Ukraine. La transaction déplaît à la Russie et elle ne tarde pas à le faire savoir en postant 80 000 soldats tout près de la frontière ukrainienne.  

En réaction, le président ukrainien Zelensky accuse publiquement la Russie et demande urgemment de l’aide à l’Ouest. Il souhaite un signal fort, un soutien pratique au-delà des mots : l’Ukraine doit intégrer l’OTAN au plus vite.

Pour le ministre de la défense russe Sergueï Choïgou, les Etats-Unis et l’OTAN projetaient de transférer 40 000 soldats près de ses frontières. C’est un mouvement massif et provocateur auquel Moscou entend bien répondre.

BIDEN – POUTINE : LE PARFUM DE LA GUERRE FROIDE ? 

Pour Vladimir Poutine, deux règles d’or priment. D’abord, les pays issus de la chute de l’Union Soviétique ne doivent pas intégrer l’OTAN. Ensuite, toute présence militaire américaine aux frontières soviétiques est considérée comme une provocation.

En se réengageant en Europe et au sein de l’OTAN, Joe Biden rompt avec l’ère Trump. Prochainement, 500 militaires américains supplémentaires doivent être postés en Allemagne.

Est-ce l’ombre de la Guerre Froide qui plane toujours ? Comme une vieille habitude, les deux ennemis historiques continuent de se tester hors de leur frontière, par conflits interposés. Dans ce jeu, l’Ukraine serait-elle devenue un pion ?  


« Pensez-vous que c’est un tueur ? »
« Oui, je le pense ! »

Le mardi 16 mars dernier, George Stephanopoulos, le journaliste vedette de la chaîne américaine ABC, recevait le président américain Joe Biden dans un entretien exclusif. Il s’est confié sur la situation en Ukraine et affirme sa position face au président Russe Vladimir Poutine.

GEORGE STEPHANOPOULOS :  Alors quel prix doit-il payer ?

PRÉSIDENT JOE BIDEN : Le prix qu’il va payer, nous le verrons bientôt. Il y a des endroits où il est dans notre intérêt mutuel de travailler ensemble. C’est pourquoi j’ai renouvelé l’accord de départ avec lui. Cela s’est produit pendant qu’il faisait ça. Mais c’est essentiellement dans l’intérêt de l’humanité que nous réduisons la perspective d’un échange nucléaire. 

Le président russe Vladimir Poutine a répondu deux jours plus tard, le jeudi 18 mars, et s’est moqué de son homologue américain Joe Biden, qui l’avait qualifié de “tueur“, avant de réaffirmer que la Russie défendra ses intérêts face aux Etats-Unis. Il s’exprimait lors d’une vidéo-conférence avec des représentants de la société civile de Crimée : C’est celui qui le dit qui l’est !”, a lâché Vladimir Poutine.

“Ce n’est pas juste une expression enfantine, une blague. Le sens est profond, et psychologique. Nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques. Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec [les Américains] aux conditions qui nous seront avantageuses, a-t-il ajouté.

Si la thématique vous intéresse, vous pouvez aller voir notre Caractère à la Une sur Alexeï Navalny, un des principaux opposants à Vladimir Poutine.